aev09 : Tu me suis, Charles-Edouard ?

Sujet 1 : Acrostiche de "Camembert" 
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- Chéri, je suis si bien entre tes bras
- Amour, moi, aussi, je me régale avec toi.
- Mon roi, pourtant, vois-tu, je suis gênée.
- Éloïse, est-ce à cause de mes mains moites ?
- Manuel, que nenni, tes mains sont si parfumées.
- Beauté, alors quoi, ce sont mes yeux ?
- Eh non, ce sont tes pieds ; ils sentent le
  Reblochon et … la tartiflette
- Trésor, n’en fais pas tout un fromage.


Sujet 2 : Ecrire un dialogue "de sourds" où l'absurde est roi, façon Prévert
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Tu me suis, Charles-Edouard ?

Par le plus bizarroïde des hasards, j’ai retrouvé Charles-Édouard, mon vieux copain de lycée. Miracle de l’Internet, je suis tombé sur lui en tapant son nom sur Google : Charles-Édouard De Mansuel ! Comme patronyme, ce n’est pas très courant, il faut le reconnaître. Mais pour nous tous, c’était Charlie et lui-même préférait. Son nom de vieil aristocrate ruiné ne lui plaisait guère. 

Sur Internet, il était considéré comme le spécialiste de la chasse aux canards. Je me suis dit que pour un De Mansuel, ç’était assez comique. Puis, je me suis souvenu qu’à l’époque déjà, il nous avait parlé d’un étang en Sologne où il accompagnait son père les week-ends pour la chasse au gibier d’eau.  Ainsi, Charlie avait fait son chemin dans la vie avec un fusil dans la main ! Un gars qui avait peur de son ombre. Je brûlais de lui parler, de le revoir. Aussitôt je lui envoyai un e-mail pour me rappeler à son bon souvenir. Je lui communiquai aussi mon numéro de portable.

Il se passa un bon mois avant qu’un soir de février, alors que je suivais distraitement les blablas de Pujadas au journal télévisé, le téléphone se mit à retentir dans mon dos. Je sortis de ma torpeur et mis un moment avant de capter qui c’était.

" Baudoin, c’est moi Charlie. Tu m’as envoyé un e-mail. Je suis Charlie, ton vieux pote de bahut. Putain, ça fait un bail !

- Charlie ? Oh ! Charlie, comme je suis heureux de t’entendre ! Mais que deviens-tu ? Toujours la chasse aux canards alors ?

- Eh oui, on ne se refait pas, mon vieux. C’est pour ça que je ne t’ai pas appelé tout de suite. Dans ma cahute, là-bas en Sologne, je n’ai pas Internet, tu sais. Et c’était la pleine saison pour le colvert !

- Tu sais, Charlie, j’ai toujours souhaité te revoir. Je comptais te rencontrer dans la rue par hasard, comme au cinéma, ou au supermarché entre deux rayons. Mais le temps passant, j’ai compris que cela ne se ferait pas. Tu me suis ?

- Oui, je te suis. Mais il faut que je te dise, je ne sors plus du tout.

- Ah ?

- Depuis quelque temps, je ne sais pas pourquoi, tout le monde me suit. Il y a même des affiches qui le disent.

- Qui disent quoi ?

- Je suis Charlie. En grosses lettres noires, c’est écrit partout. Je n’ose plus marcher dans la rue. L’autre jour, j’ai dû descendre à Gien pour mes cartouches. J’allais peinard sur le trottoir. Je me retourne d’un coup, il y avait foule derrière moi. Ils me suivaient tous. Je m’engouffre chez mon armurier. Qu’est-ce que je vois sur la porte ? Une affiche invitant les gens à suivre Charlie. Je n’ai pas pu continuer. Je me suis effondré. Mais pourquoi moi, Baudoin, tu peux me le dire ?

- C’est à cause de l’attentat. Tu n’es pas visé, Charlie. Pas toi. C’est un affreux malentendu.

- Tu te rends compte, Baudoin, ils me privent même de la chasse aux canards ! "



PENSÉE DU MOIS

PENSÉE DU MOIS